
Didier Deschamps soulevait, en 1993, la première Ligue des Champions d'un club français (l'Olympique de Marseille) après les défaites de Reims (1956 et 1959), Saint-Etienne (1976) et ce même OM (1991).


Cette année, c'est en tant qu'entraîneur qu'il se rend à Gelsenkirchen, avec l'AS Monaco, affronter le FC Porto, que l'U.E.F.A. voit comme un duel Fernando Morientes-Vitor Baia, deux hommes d'expérience (photo ci-dessous).

D'autant plus que le monégasque a déjà remporté à trois reprises cette compétition, avec le Real Madrid, en 1998, 2000 et 2002.

Autre petit clin d'oeil : Hugo Ibarra appartient au FC Porto, mais est prêté à l'AS Monaco...
Espérons qu'il face autant de mal à son ancien club, que Morientes au Real en Quart.

Arbitré par le danois Kim Milton Nielsen, le match démarre avec un Monaco agressif à la récupération qui tente de jouer vite sur Giuly en pointe.
Et dès la 3ème minute, sur un ballon gagné par Rothen, Giuly lancé dans l'axe est taclé par Vitor Baia, hors de sa surface de réparation.

Porto essaye surtout de ne pas se découvrir et empêche Monaco de pratiquer son jeu. Les portugais attendent et misent sur des coups de pieds arrêtés ou des exploits personnels de Deco, Derlei ou Carlos Alberto.
Ce dernier, côté gauche, élimine 3 monégasques, mais l'axe de la défense veille (5e).

Sur un coup-franc venant de la droite, Roma repousse des deux poings dans l'axe. Givet repousse la reprise d'un portugais (7e).
Le jeu est équilibré, mais se situe au milieu du terrain.
Giuly lance Cissé, côté droit, qui adresse un centre puissant en retrait au point de pénalty. Bernardi se jette mais est trop court (17e).
Nouvel enchaînement de l'ASM : Evra pour Giuly, qui lance Rothen à gauche, qui centre au second poteau. Morientes est en retard (20e).
Monaco va mieux, s'approche des buts de Vitor Baia.
Malheureusement, sur une nouvelle accélération, Ludovic Giuly se blesse aux adducteurs et doit laisser ses partenaires continuer le match. Il est remplacé par Prso, et va surement manquer l'Euro... (23e).

Balle lobée de Bernardi pour Morientes, dans l'axe de la défense. L'espagnol contrôle, se présente aux 16 mètres face à Vitor Baia, mais est arrêté par l'arbitre pour un hors-jeu de position.
Fernando était pourtant couvert pas Ricardo Carvalho...
Sur une des rares incursions portugaises dans les 30 derniers mètres monégasques, Porto ouvre le score.
Centre venu de la droite pour Carlos Alberto entre Rodriguez et Zikos. L'attaquant tente de donner à Derlei, en position de hors-jeu, mais le ballon rebondit sur Zikos et lui revient dans les pieds. Sa frappe immédiate bat Roma, pris à contre-pied (0-1, 39e).


Réaction immédiate des Rouges et Blancs : Morientes sert Bernardi, qui frappe à côté, devant Vitor Baia. De toute façon, il était signalé hors-jeu (41e).

A la pause, Monaco est mené 1-0, sur la seule occasion portugaise.
Le côté gauche est bloqué (Rothen-Evra) et la sortie de Giuly a retiré une belle épine du pied à José Mourinho, l'entraîneurde FC Porto.
Seule bonne satisfaction, Hugo Ibarra, qui a plusieurs reprises a amené le danger à droite, tout en muselant Deco.

Au retour des vestiaires, Porto garde le ballon et fait tourner pour faire sortir Monaco. Le cadenas est mis et il faut que les joueurs monégasques trouvent de quoi le forcer.
Monaco, gêné, a un petit temps de retard dans les passes, ce qui permet aux lusitaniens de revenir ou de mettre les attaquants en position de hors-jeu.
Long ballon d'Evra, pour Prso dans le dos de la défense. Il parvient à devancer son garde du corps, mais ne peut contrôler la balle qui va en sortie de but (56e).
Coup-franc axial de Rothen, aux 30 mètres. Vitor Baia devance la tête de Morientes (58e).
Centre lointain d'Evra, tête de Prso, écrasée et à côté (60e).

Rothen s'arrache deux fois pour éviter la touche et la sortie de but. Centre du droit, dévié en corner. Sur celui-ci, Rodriguez ne peut qu'effleurer le ballon (62e).
Porto n'arrive pas à se dégager, et Prso sert Morientes, dans le dos de la défense. Fernando frappe en force, Vitor Baia sorti rapidement à sa rencontre, repousse (62e).
Une nouvelle fois le trio arbitral signale un hors-jeu inexistant.
Et ce n'est pas prêt de s'arrêter : Mr Nielsen, continue sur sa lancée : fautes pour Monaco non siflées et celles inexistantes pour Porto accordées...
Et ainsi, une faute sur Morientes à 30 mètres des buts portugais n'est pas signalée. Contre à 3 contre 3 de Porto : Deco sert Aleinitchev à gauche, qui s'enfonce et remet dans l'axe au petit meneur brésilien, qui ajuste Roma (0-2, 71e).

Monaco se jette à l'arbordage, et Porto profite des espaces.
Zikos tacle Derlei à 6 mètres du but (73e).
Centre de Derlei de la gauche pour l'autre aile. Squillaci le détourne aussitôt, dans les pieds d'Aleinitchev, qui fusille Roma (0-3, 75e).

C'est très dur pour Monaco, qui n'a pu qu'offir sa jeunesse et son enthousiasme à l'expérience et au réalisme lusitanien.
Monaco tente bien de sauver l'honneur, mais les efforts ne seront pas récompenser.
Nonda, côté droit, s'emmène le ballon et centre devant le but. Evra au second poteau tire au dessus (85e).

Et les reprises de la tête de Squillaci sur corner ne sont pas plus cadrées (90e et 90e+1).

Triste soirée pour les 14.000 supporters monégasques.

Monaco ne réalise pas l'exploit de l'Olympique de Marseille, Porto est Champion d'Europe pour la deuxième fois après 1987.



Monaco devra passer par le tour préliminaire l'année prochaine, pour espérer revivre de telles émotions.
Félicitations aux portugais, aux joueurs monégasques et à Didier Deschamps pour cette belle saison 2003-2004, qui se termine pourtant sans aucun trophée.
Les réactions d'après-match :
Didier Deschamps : (à chaud) « Il y avait une différence de niveau entre les deux équipes. Certes la blessure de Ludovic Giuly n'a rien arrangé. Et Porto a ensuite pu marquer un premier but. Après leur deuxième, cela est devenu beaucoup plus dur. Il y a plein de petites choses qui ont fait la différence entre les deux équipes. Porto et Monaco n'ont pas le même vécu. Il y a une certaine logique dans le résultat, mais je suis quand même très déçu. C'est vrai qu'il y a des moments où la situation n'a pas tourné en notre faveur. Mais il ne faut pas s'accrocher à ça, non plus. C'est toujours très dur de perdre. Là, c'est très sévère par rapport à ce que nous avons fait depuis des mois. Avec le temps, ça diminuera. C'est dommage de ne pas avoir remporté de titre. Mais avoir joué pour devenir Champion d'Europe, c'était inespéré. C'est fabuleux d'être arrivé jusque-là »
Didier Deschamps : « C'est une énorme déception. Arriver en finale, c'est fabuleux, la perdre, c'est dur. Je ne crois pas qu'on mérite de perdre 3-0. La blessure de Giuly, en début de match a compliqué notre plan d'attaque. Si Porto perd Deco au bout de cinq minutes, ce n'est pas le même match. Et il y a eu des épisodes de la rencontre qui ne nous ont pas été favorables. C'est clair que de ne pas avoir de titre que les joueurs méritent, c'est quelque chose de très dur. Il y avait une formidable opportunité avec cette finale. Malheureusement, on l'a laissé passer. C'est toujours difficile de jouer une finale, même si mes joueurs ont fait preuve de beaucoup de tempérament. Il faut accepter cette victoire de Porto. Ce n'est pas la fin du monde. J'ai envie de positiver. De remercier. C'est dur de finir la saison comme ça, mais cela n'enlève rien à notre parcours exceptionnel, que ce soit en championnat ou en Ligue des champions. Face à une telle équipe, offensivement c'est très difficile. Il y a de la densité, de l'engagement, de l'expérience. Nous, nous avions un vécu moins important. »
Jérôme Rothen : « On est déçu et frustré. On est passé à côté. C'est une grande tristesse. Perdre une finale fait mal et 3-0 encore plus. On a pas vu le Monaco des matchs précédents en Ligue des Champions. Ce soir, on n'a pas trouvé ce brin de folie. Je ne pense pas que Porto soit plus fort que nous. Mais ils étaient plus réalistes. On n'était pas à notre niveau. J'espère qu'on aura une autre chance et qu'on ne commettra pas les mêmes erreurs. »
Edouard Cissé : « 3-0 c'est lourd. Ils ont marqué le premier but au meilleur moment. Et le deuxième nous tue. La sortie de Ludo nous a empêché d'avoir de la profondeur. Porto n'a jamais paniqué et a joué avec beaucoup d'expérience. »
Patrice Evra : « Si on prend des buts en contre, c'est qu'on a essayé d'en mettre nous-mêmes. C'est la loi du football. Porto était plus fort que nous. Il faut arrêter de chercher des excuses. Avec Giuly, on aurait peut-être perdu 5-0 ou gagné. J'accepte la défaite. »
Julien Rodriguez : « Je pense que ce n'était pas injouable. Mais on savait cette équipe très expérimentée. On a perdu dans ce domaine. »
Gaël Givet : « On a cinq semaines de vacances pour oublier cette déception et frustration. On prend trois buts dans la bouche. Quand même, bravo Porto. »
Fernando Morientes : « Je suis vraiment très déçu pour nous et nos supporters. Mais notre saison est très satisfaisante. Nous n'avons pas eu d'occasion de but ce soir. »
Pierre Svara : « On est très déçu. Mais on ne cherche pas d'excuses. On n'a pas vu le Monaco d'il y a deux mois. On aurait pu être champion de France et gagner la Ligue des champions. Mais c'est comme ça. Ce que je retiens, c'est que ce soir il y a 15 000 personnes qui se sont déplacées pour voir Monaco. Je n'avais jamais vu cela. Cela montre que Monaco existe. »
José Mourinho : « Le moment le plus important, c'est le premier but, car il a rompu l'équilibre du match. Monaco a mieux commencé le match que nous. Mais nous avons réussi à prendre le contrôle de la rencontre. Et le premier but est arrivé à un moment crucial. Monaco a dû changer sa façon de jouer et cela a créé plus d'espaces pour nous. Le deuxième but, lui, a tué le match. Nous avons fait quelque chose d'inoubliable, de fantastique. Je l'avais dit à mes joueurs avant le match, c'est un jour qu'ils n'oublieront jamais. Je sais que le football me permet de gagner des titres chaque saison. Il y aura des mauvaises saisons. Je dois continuer de travailler, de rester le même. Il y a trois ans, j'entraînais une petite équipe (Union Leiria). Aujourd'hui, j'ai tout gagné. Pour l'équipe nationale en vue de l'Euro-2004, il y a deux aspects. Cela va décupler la confiance du Portugal mais il y un côté négatif : les joueurs du FC Porto vont avoir une grosse pression. »
Deco : « Gagner la Ligue des Champions, c'est fantastique, avec toutes les difficultés d'une telle entreprise. Mourinho nous avait dit avant le match : "Que vous gagniez ou vous perdiez, vous vous souviendrez de ce match toute votre vie". Là, nous avons la chance de partir avec des bons souvenirs. Nous aurons beaucoup de choses à raconter à nos petits-enfants. »