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Monaco montre les dents à la Ligue
Tout Monaco est derrière l'AS Monaco.
Pas seulement le club, mais aussi le Gouvernement Princier, qui a également apporté son soutien par un communiqué sur le site officiel :
«Le Gouvernement Princier a pris connaissance de la décision du Conseil d'Administration de la Ligue française de football professionnel du jeudi 21 mars 2013, modifiant ses règlements afin d'obliger tout club jouant dans le championnat professionnel français à posséder son siège de direction en France - cette mesure s'appliquant à compter du 1er juin 2014.
Cette décision est lourde de conséquence pour l'AS Monaco FC qui participe depuis la saison 1933-1934 au championnat de France de football professionnel et dont le palmarès en Championnat, Coupe de France et dans les Coupes d'Europe a rejailli positivement sur l'ensemble du football français.
Depuis de nombreuses années, l'AS Monaco FC a également formé de nombreux joueurs talentueux, qui ont porté avec fierté le maillot de l'Equipe de France de football et se sont illustrés dans les compétitions qu'elle a disputé.
Aussi, le Gouvernement Princier, compte tenu des accords existants, tient à assurer le Club et sa Direction de l'attention qu'il portera à la défense de ses intérêts par l'AS Monaco FC.»
Sur RMC, Jean-Louis Campora est revenu sur la décision de la LFP.
«Dans cette affaire, la chose la plus choquante est que la décision a été prise en notre absence, alors que j'avais été convoqué pour expliquer la situation de l'AS Monaco et exprimer notre point de vue sur les débats qu'il y avait eu auparavant.
Il avait été prévu que j'aille à ce conseil d'administration. Mais la veille vers 19h, nous avons reçu un e-mail pour nous dire de ne pas nous déplacer et que notre audition avait été reportée à une date ultérieure.
Donc je ne vais pas à ce conseil d'administration qui en a profiter pour délibérer sur une modification du règlement des championnats.
Nous n'avons pas encore à ce jour le texte, car la Ligue ne l'a pas encore envoyé. Nous attendons ça avec impatience, car dès sa réception nous serons autoriser à mobiliser tous les recours possibles.
Dans un premier temps, laissons la balle au milieu du jeu et restons dans le domaine du football.La Fédération et la Ligue sont détenteurs de la filiation pour l'un et de la participation aux championnats professionnels pour l'autre. Nous remplissons toutes les conditions depuis 1919 pour la fédération, et 1933-34 pour notre première apparition dans le professionnalisme.
Ces questions de football se règlait entre gens du football.
La décision, sans nous entendre, et cette modification est profondément irritante et va à l'encontre de nos droits.
Par la suite, entre la France et Monaco, entre les états, il y a des conventions. Donc il aurait été préférable de parler entr gens du football.
A Monaco, nous sommes respectueux du droit. La décision unilatérale qu'a pris la Ligue est une décision qu'elle a le droit de prendre, mais cette décision est susceptible de recours, administratifs, pour faire entendre notre bon droit. Elle serait d'ailleurs fédératrice de préjudices et donc d'indemnités. Et elles seront plus ou moins importantes, de plus en plus importantes si on nous pousse dans nos retranchements.
On ne peut pas imaginer l'ASM dans un autre championnat. Depuis le début de son histoire en 1919, elle fait partie intégrante du championnat de France, avec ses avantages et inconvénients, parfois elle a gagné et a été championne, parfois elle a perdu et a été reléguée en 2ème division.
Ce genre de situation (la cabale contre les avantages fiscaux) revient alors que nous sommes en voie de remonter en première division. Mais quand nous sommes descendus, il n'y a eu aucune manifestation. La vérité d'un moment devrait être la vérité de tous les moments. Quand nous sommes en difficulté, tout le monde nous veut du bien, quand nous avaons une situation avantageuse, certains influences les autres pour nous vouloir moins de bien voire du mal.
Si Monaco n'existait pas ou si Monaco avait toutes les mêmes charges ques les autres clubs français, il n'y aura pas un sou supplémentaire pour les clubs français. Par contre, si Monaco a des moyens et monte une équipe pour réussir. Ce n'est pas parce qu'on a les moyens qu'on gagne. Il y a aussi une loi sportive qui n'est pas liée au carnet de chèques, mais il faut des compétences.
Nous avons des conseils très pointus, nous avons des droits que nous exerceront. Laissons faire les choses normalement, si on ne doit plus exister c'est qu'on bafoue nos droits et qu'on les laisse être bafoués, mais ça n'arrivera pas.»
Pour d'autres présidents, dont Claude Michy (Clermont Foot Auvergne, 17ème de Ligue 2), la fiscalité de Monaco est un «faux problème» comme il l'a indiqué sur le site du quotidien Le Monde
Pensez-vous que l'AS Monaco devrait avoir le même régime fiscal que les autres clubs français ?
Ce qui m'étonne toujours dans le monde du football, c'est l'absence de lucidité. Monaco a une fiscalité différente de la France depuis de très longues années, ce n'est pas nouveau. Il y a un accord qui existe entre la Principauté et la France qui ne date pas d'aujourd'hui. Ce n'est pas pour une équipe de foot et pour trois gars qui tapent dans un ballon, que l'on va remettre en cause un fondement historique et économique. Personne n'avait dénoncé les avantages de Monaco quand le club est descendu en Ligue 2.
Alors pourquoi aujourd'hui ?
La crise. Certains clubs, qui sont en difficulté, découvrent soudainement ce qui ne va pas chez les autres. On parle de Monaco, du Qatar, mais il y a aussi d'autres gens qui investissent leur argent dans leur équipe. Je pense notamment aux Louis-Dreyfus à l'OM. Mais on ne dit rien quand ce genre de riches personnes comblent les trous de leur club qui connaissent un déficit constant. Monaco est un faux sujet. Quand Lyon marchait très bien, je n'ai pas entendu qu'il fallait que la Principauté ait son siège social en France. On doit balayer devant sa porte. Le foot français est en déclin depuis la Coupe du monde 2010 : on a perdu 1 million de téléspectateurs, 10% à 15% de licenciés, et en plus de très nombreux clubs sont en très grandes difficultés financières. Ce n'est pas réjouissant. Il y a une forme de dégradation financière qui s'est installée, ce n'est pas nouveau, mais ce n'est tout de même pas la faute de Monaco. Tout le monde a des privilèges : ceux qui travaillent à la SNCF ne paient pas leur billet de train. C'est comme ça.
Jean-Pierre Louvel, président de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF) et du Havre a récemment déclaré : "Quand Monaco investit, un autre club français doit investir le double pour être à égalité." Qu'en pensez-vous ?
On est dans un monde de bouc émissaire pour justifier ce qui ne va pas et pendant ce temps là on ne parle pas d'autres choses. Les présidents de club ont du boulot pour revenir à des zones financières plus correctes. On préfère se focaliser sur Monaco. Ce n'est pas parce que Monaco va avoir un siège social en France que ça va changer les choses. A la tête de ce club, il y a un Russe, qui apparemment a de gros moyens, de très gros moyens. Vu l'argent qu'il dispose, imposé ou pas, il ne sentira rien, ça va être epsilon chez lui. Ça ne va pas lui pourrir la vie.
Mais en Ligue 2, n'avez-vous pas l'impression d'être dans une compétition faussée avec Monaco ?
Personnellement, je suis content que Monaco soit en tête de la Ligue 2. Je n'étais pas convaincu que ce club arriverait à se hisser en tête du classement. Dès le départ, je sais que le club monégasque a une imposition différente que moi. Si nous sommes 17e du championnat, c'est que nous n'avons pas été assez bon, c'est aussi ça le sport. Parfois, le PSG se fait battre par Sochaux, c'est comme ça. Pour moi, le plus important pour le football français, c'est d'avoir un vrai projet industriel, une politique d'attractivité, de redonner une image positive de notre sport, ramener des investisseurs, remplir les stades... Ça me parait être de vrais sujets, plus que la fiscalité de Monaco.
Monaco n'est pas un problème alors ?
Non. Prenez Clermont : nous n'avons pas de dettes, les finances du club sont saines, la moyenne des salaires est de 10 000 euros. Le plus gros revenu est à 15 000 euros. Notre club est correctement géré mais trouvez-vous normal que nous soyons obligés de jouer contre des clubs fortement endettés ? Que dit la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion) ? Prenez Lens : ils ont désormais le Crédit Agricole du Nord qui investit beaucoup d'argent. Le club perd l'équivalent de notre budget annuel (7 millions d'euros). On joue contre des gens qui sont dans des situations financières délicates. Mais vous avez des gens qui apportent beaucoup d'argent pour boucher les trous. Pour moi, ces clubs ont un avantage financier que je n'ai pas : c'est un privilège. Je ne vois pas en quoi il est différent de celui de Monaco. Personne ne veut en parler, alors que c'est clairement le même sujet. Il y a une forme d'anomalie et en termes d'éthique, ce n'est pas acceptable. Mais pourquoi continuer à jouer contre ceux qui ne respectent pas les règles ? On préfère parler de Monaco.
Qu'est-ce que serait acceptable pour vous ?
Qu'on se pose les bonnes questions. Il y a des gens qui ont des moyens, il ne faut pas être jaloux. Mais dire que Monaco doit avoir un siège social en France, je ne vois pas où est le mal. Ça s'appelle de la jalousie. Je n'ai pas d'état d'âme à le dire. Je n'ai pas de stade, je peux être jaloux de Louvel qui en a un. On peut revoir certaines règles. Je suis aussi pour qu'on remette tous les compteurs à zéro, mais à condition que tout le monde respecte une règle : on dépense ce que l'on a. Je crois qu'à l'échelle européenne, ça s'appelle le fairplay financier ? J'ai entendu dire que cette saison l'OM et l'OL ont fait des équipes low-cost: ils marchent assez bien, comme quoi. Le problème de ceux qui dénoncent aujourd'hui la fiscalité monégasque, sont les mêmes qui dirigent le foot français depuis des années. Le moins que l'on puisse dire, c'est que leur bilan n'est pas terrible. Il y a un côté trop passionnel chez certains présidents de club, du coup certains sujets deviennent irrationnels. Et ce n'est pas très constructif. Je suis toujours très étonné de l'approche que l'on peut avoir de l'argent dans le foot.
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